Barthélemy Bompard, fondateur et metteur en rue de la compagnie Kumulus
Interview pour le livret de bord février-juin 2022
La parole à Barthélemy Bompard, fondateur et metteur en rue de la compagnie Kumulus

C’est la première fois que Le Fourneau a le plaisir d’accompagner la compagnie Kumulus, née en 1986, pour une de ses créations. Pourriez-vous vous présenter aux brestois·es en quelques mots ?
Nous faisons partie des premières compagnies de rue. On nous a appelés les dinosaures, les compagnies historiques et maintenant les vieilles compagnies. Mais les vieilles compagnies ont toujours quelque chose à dire sur le monde. À mes yeux, le théâtre de rue est politique et doit poser des questions. Il doit déranger, perturber le quotidien. Aller à contre sens d’un monde qui ne va pas bien et mettre le doigt là où ça fait mal.
Avec Fragile, vous portez l’ambition de « traverser la ville comme un grand cri artistique ». Est-ce un cri de révolte, d’espoir ou de colère ?
Fragile est la circulation d’un cri de révolte et de colère face à notre monde. Comme personne ne nous écoute, il nous reste le cri pour dire stop à notre monde de folie, de surconsommation, de guerre, de racisme, de pollution, de réchauffement climatique, d’intégrisme et de violence.
Votre compagnie a un ancrage de longue date dans le théâtre de rue. Pourriez-vous nous dire si, pour créer Fragile, votre vision de cet espace public a changé par rapport aux premiers spectacles ?
On est sorti des théâtres pour que l’accès à la culture soit gratuit. Un vent de liberté a circulé. Sont arrivées des formes artistiques nouvelles, faites de poésie, d’envie de joie, de fêtes, de plaisir de se retrouver et de partager. Des villes ont été des porteuses de cette liberté en remettant leurs clefs aux artistes. Notre secteur est entré dans l’institution. Avec les gestionnaires de culture, nous avons dû remplir des dossiers A4. Se sont succédées des politiques aimant la liberté mais pas trop, le terrorisme, la sécurité et pour finir la Covid. La liberté dans l’espace public est morte. « C’est pour notre sécurité » : disent-ils.
Il faut continuer à se battre ensemble, pour retrouver nos espaces et notre liberté.
crédit : Nina Bompard
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