Mange la vie avec les doigts par La Boca Abierta
Avec leurs "têtes à ne pas y croire", les artistes nous entraînent dans un spectacle jubilatoire "de l’ahuri à l’ahurissant"
Derrière la haie surgit une contrebasse accompagnée de trois individus. Leurs mines ahuries ne laissent aucun doute : ils ne semblent pas savoir ni qui ils sont, ni ce qu’ils font là. Un yukulélé et un accordéon complètent le décor.
Anne, la "fille au yukulélé" ose un : "nous sommes là mais je suis étonnée que là soit en encore là". Le ton est donné.
Des chants harmonieux à trois voix succèdent à d’agréables musiques et d’autres parfois plus grinçantes. Ce sont également des onomatopées, des mots , des jeux de mots, de la poésie.
Cet ensemble est ornementé de mouvements, d’enchevêtrements de corps, d’emmêlements de corps et d’instruments.
En plus d’être musiciens et chanteurs, nos "chers ahuris" sont également danseurs et acrobates... Les bougres, ils cachaient bien leur jeu !
Une gamine, dans le public, a lâché une cinglante remarque : "Il a mis sa guitare à l’envers." Il est vrai que Valentin joue de sa contrebasse et se joue d’elle... ou est-ce elle qui se joue de lui ?
Anne veut nous faire partager ses rêves prémonitoires et avoue qu’elle rêve qu’elle fait des rêves prémonitoires.
Matthieu, le troisième larron, n’est pas en reste, il s’autorise un show de musique et danses actuelles au son de son instrument. Il est en total accord avec son accordéon. Il joue, chante et s’enflamme, il entraîne le public : "Gouli, gouli ouah, gouli léï..."
Il ne faut pas croire que leur délire ne soit que délirant, il est rempli de poésie et interroge sur le monde, sur notre existence, sur l’avenir , " A-t-on un rôle à jouer ?", "Combien de temps avant la fin ?"..
"C’est celui qui aime que j’aime, c’est celui que j’aime qui t’aime..."
Les chorégraphies, les acrobaties, les mots, les jeux de mots, les sonorités fusent, c’est une leçon de phonétique. Entrainez-vous à dire aisément : "Est-ce qu’au fond mes fesses font face ?"
Nos trois si sympathiques "ahuris", non contents de jouer avec les mots, se joueraient-ils également des maux de notre société ?
Valentin se lâche, il dégoupille... Une dame s’esclaffe à toutes ses pitreries... c’est sûr, il a un ticket !
Matthieu semble souffrir, supporte, souffle, suffoque parfois...
Anne, d’humeur égale, admire, accepte, acquiesce, s’abandonne...
Le spectacle s’achève par une belle chanson poétique : "...ma solitude s’incline..."
Ah mais non, il y a un supplément : "Positif, coeur contaminé ..."
Etrange époque, étrange vie...
Anne, Valentin et Matthieu s’interrogent : doivent-ils finir le spectacle, comment le finir ?
...et ils s’autorisent même à entraîner le public vers le spectacle suivant...
Un délire d’accord ...mais brillamment mené et maîtrisé. Si quelqu’un s’est ennuyé il a eu tort !
Peu de temps après j’ai vu un pote et je lui ai dit : "Quel bol d’avoir pu voir ça, j’ai bien fait de venir !"
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