Interview de Nicolas Turon, auteur du Roman de la rue
Interview pour le Livret de Bord de janvier-juin 2018 du Fourneau
Quel est le point de départ du Roman de la rue ?
C’est l’invitation d’un architecte, Sébastien Renauld, qui construit des meubles. Il m’invite à aller avec lui dans la rue, où il installe de petits salons éphémères sur le trottoir, qu’il abandonne pour en faire don aux habitants et voir ce que ça génère. Tout ce qui découle de cette création jusqu’à aujourd’hui vient de cette première invitation.
Que raconte Le Roman de la rue ?
Le Roman de la rue c’est un livre, 55 000 mots. C’est un roman que j’ai écrit dans la rue, sur la rue, pour la rue. Je l’ai écrit à 90% en contexte. Le thème c’est le fait d’habiter dans la rue et se le réapproprier comme un espace commun. Et dans le roman se cachent des choses qui te donneront envie à toi lecteur d’agir à ton tour dans la rue.
Quel est l’objectif de cette résidence aux Capucins ?
C’est vraiment le point final. On est présents avec deux comédiens, Antoine Frammery et Juliette Laurent, qui ont travaillé à créer le personnage de cette fiction qu’ils vont incarner dans la vraie vie, un photographe, Clément Martin, et moi, qui suis l’auteur. Et c’est aussi le point final géographique, puisque le roman se finit sur la jetée d’un port de commerce ! Avec Clément, on est d’ailleurs allés se balader dans la fin de mon roman...
Ce n’est pas la première résidence que tu réalises à Brest pour cette création. Que reste-t-il de ton passage à l’école Kerbernard en 2016 dans Le Roman de la rue ?
J’ai habité trois fois une semaine à l’école Kerbernard. Le principe était le même que pour cette résidence : faire habiter un artiste dans l’école jour et nuit. Que ce soit dans la rue ou dans des bâtiments publics, c’est important d’y être en permanence. C’est entrer dans un processus long, qui nous met dans une forme de fatigue. On fait vraiment partie du lieu.
A l’école, on avait fait avec les enfants ce que je fais là avec des artistes professionnels. On avait étudié leur environnement pour créer ensemble une œuvre qui parle du quartier. On avait inventé la disparition d’un chat, un spectacle qui s’appelait « Le chat qui n’existait pas », que l’on retrouve dans le roman !
Pourquoi avoir fait le choix de l’espace public ?
Ce qui m’intéresse c’est rencontrer monsieur ou madame tout le monde. Si on habite chez nous on n’a moins de chance de rencontrer tout ce monde là. Notre but c’est de laisser faire, on n’est pas dans un travail de collecte. Plus on attend, plus on arrive à laisser agir les travers poétiques. Ici à Brest on a fait des rencontres fantastiques ! Et l’idée c’était d’écrire un roman dans lequel a infusé la réalité du hasard de toutes ces personnes rencontrées, puis que ce roman donne envie au lecteur d’aller chercher des infos supplémentaires à travers plein d’interactions possibles.
Le théâtre de rue est aussi un marqueur de temps, il marque les mémoires. Gilles qui habite à Recouvrance et construit une cabane, s’arrête à notre table tous les matins. Quand on sera partis, il lui manquera cette cabane, car l’espace sera devenu vide. Notre absence sera le marqueur de ce souvenir qui est l’absence que racontent les spectateurs qui ont vu de grands spectacles de théâtre de rue...
Quand est-ce que Le Roman de la rue sera réellement créé ?
Il ne reste plus qu’une étape, l’édition du livre ! Une fois le livre édité, ça pourra jouer tout seul...
Plus d’infos sur le site du Roman de la rue.
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